Traduction d'un article de Me Wan Laisheng



Traduction : analyse « combattre ou danser ? »

 

Ce texte sur l’essence du Wushu est l’œuvre de l’un des plus respecté des combattants chinois de ce siècle, maître Wan Laisheng.

 

Wan Laisheng (1903-1992) est né dans la province du Hubei. Diplômé d’agronomie à l’Université de Pékin, Wan Laisheng travaillait dans cette même université en tant que professeur assistant lorsque paru cet extrait de son ouvrage Wushu Jiaofan. Maître Wan était aussi bien réputé pour ses qualités de combattant que pour son savoir en médecine traditionnelle et en littérature. Il fut le premier disciple et héritier en Style Naturel (Ziran Men) du non moins fameux Du Xinwu. Maître Wan Laisheng s’établit dans la province du Fujian en 1946 où il vécut jusqu’à sa mort en 1992. Cet article a été traduit de son ouvrage « l’enseignement militaire du Wushu ». Rappelons que les termes Kung Fu et Wushu.............

 

Frapper et danser

La communauté des arts martiaux est aujourd’hui en train de gloser sur la source des arts martiaux chinois, et sur leur origine orientée vers le « combat », ou plutôt vers la « danse ». Je crois que nos ancêtres étaient avant tout mus par ce qui concerne la self-défense et l’auto préservation (afin de repousser les invasions) et que c’est la raison pour laquelle ils ont développé des méthodes de combat à mains nues ou avec armes (pierres, os ou instruments quotidiens). En ces temps anciens, le Wushu n’a pas été inventé comme une méthode d’exercices, comme un moyen pour rester en forme, mais plutôt comme la diffusion auprès du peuple d’un système d’autodéfense qui leur permette de survivre. Leur principal objectif résidait ainsi dans le combat. La soi-disant « danse » relève de ce dont je parlais dans un précédent article : lorsque un pratiquant s’exerce à l’art du Kung Fu (Wushu), il ou elle peut être aisément impressionné par la beauté des mouvements et leur prêter plus d’attention et d’importance qu’ils ne méritent. Si le « combat » ne participe pas pour l’essentiel de son entraînement, alors le pratiquant ne s’exerce dorénavant plus à un art martial au sens propre du terme, il ne s’agit dès lors plus de Wushu. Si le pratiquant ne sait pas et ne comprend pas la nature et l’application de chaque mouvement qu’il exécute, il peut alors pratiquer de façon intensive pendant de nombreuses années sans se montrer capable d’exprimer l’art du Kung Fu dans sa plus pure forme, c’est à dire en mobilisant ces techniques de combat lorsque nécessaire et être à même d’évoluer en bougeant son corps selon le Shen Fa

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Même lorsque le Kung Fu est sollicité à l’occasion d’une démonstration, il ne s’appuie pas sur les standards usuels de la danse qui préconisent qu’un mouvement se doit d’être beau. Je ne suis pas en train de dire qu’il n’existe pas de savoir-faire ou de mérite dans la danse, mais plutôt que la différence entre le « combat » et la « danse » doit être très clairement établie. Le Kung Fu original est naturel, « pur et pénétrant comme la flamme azur d’un fourneau ». Il ne doit être en aucun cas exécuté de façon non naturelle. La danse possède ses vertus propres, ses caractéristiques distinctes, et les spectateurs sont toujours ravis d’assister à des performances de danseurs, mais le Kung Fu sera toujours Kung Fu, et la danse de la danse.

 

Le combat est l’essence du Wushu, et les démonstrations sont simplement l’un de ses aspects. Cependant, l’art du combat est indissociable de sa dimension esthétique pour la simple et bonne raison que lorsqu’il est exécuté avec génie, le Kung Fu dégage une beauté, une harmonie qui peu s’apparenter à celle de la danse, mais s’en distingue par son essence martiale. Une démonstration de Kung Fu ne doit pas s’incarner à travers des gestes vides, mais par des mouvements martiaux. Tout les mouvements en Kung Fu sont exécutés en gardant à l’esprit sa dimension d’attaque et de défense, et même les actions acrobatiques sont exécutées dans le but d’attaquer son adversaire ou d’éviter son propre assaut. Les mouvements renferment un sens et un objectif. La pratique continue du Kung Fu permet de jouir de nombreux bénéfices comme se forger et maintenir une bonne condition physique, mais au travers d’une pratique qui doit restée concentrée sur l’efficacité martiale.

Wan Laisheng, traduit par Ludovic Chaker



Les verbes frapper et danser sont ici employés pour signifier l’efficacité martiale pour le premier, et seulement pour le mouvement sans intention martiale pour le second




20/07/2009
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