Kung Fu ou Wushu ?
Nous avons une mauvaise connaissance des arts
martiaux chinois en France. Cela provient à la fois d’un manque
d’information, d’un manque d’enseignants de niveau correct, mais aussi
une confusion entre les termes "Kung-Fu" (Gong Fu ) et "Wushu". Cette
confusion est parfois savamment entretenue par les professeurs ( par
action ou par omission, y compris par les enseignants chinois en
occident).
D’une façon générale, en France, on considère que le Kung-Fu désigne les arts martiaux chinois traditionnels, et que le terme wushu désigne les arts martiaux chinois modernes. Dans la pratique c’est exactement l’inverse.
Le
terme Kung-Fu a été introduit en France par les Jésuites qui ont ramené
de Chine des éléments de Qigong Taoïste, en parlant de « Kung-Fu ».
Mais ce qui a réellement popularisé le terme Kung-Fu en France et en
Europe, ce sont les films de Bruce Lee, qui ont créé un choc dans le
monde des pratiquants, ainsi qu’en nous faisant découvrir les films de
« Kung-Fu ».
En Chine, le terme Kung-Fu s’adresse à tous les
domaines, au sein desquels on a besoin de travailler, de se
perfectionner ( ce peut être la calligraphie, la cuisine…).
Le terme Kung-Fu s’explique par la phrase :
(Gongli, Suyang, Benyi ) qui signifie :
"Affûter
ses outils (ce qui nécessite du temps de travail ), développer des
qualités acquises par des exercices coutumiers (ce qui implique une
régularité ), poursuivre son objectif original (ce qui implique une
volonté ) " .
Le Kung-Fu représente donc n’importe quelle activité
ou pratique, qui demande, du temps, du travail, de la régularité, des
efforts, de la persévérance et de la perfection.
Le
terme exact pour l’art martial est Wushu. Il provient d’une citation
faite par le fils d’un roi chinois, Xiao Tong , qui vécut de 501 à 531
et qui dit :
(Youbi Wushu, Chanyang Wenling)
Arrêter la guerre et commencer à cultiver (dans tous les sens du terme) le pays.
De cette formule est né le terme Wushu. On constate alors que même si le terme Wushu désigne littéralement "les techniques pour faire la guerre" , sa première apparition historique figure dans une maxime qui valorise la paix!
En 1926, il y eu création du Zhong Guo Wu Shu a Nanjing, qui donnera plus tard le Guo Shu (c’est à dire le Wushu, mais en soulignant sa spécificité nationale). A partir de là, et notamment ensuite à Taiwan, le Wushu fut souvent appelé Guoshu).
Il est à noter que les éléments de l’identité nationale Chinoise (toujours d’actualité) sont au nombre de trois :
- le Guoshu (l’art martial )
- la Médecine chinoise Traditionnelle
- la langue chinoise
On constate ainsi que la terminologie traditionnelle et ancienne pour l’art martial est le mot Wushu, tandis que l’appellation Kung-Fu est une déformation récente d’une expression chinoise et ne désigne pas forcément l’art martial.
Le Wushu au sens moderne du terme a vu le jour en Chine en 1959, soit dix ans après la révolution populaire. Il n’a été enseigné à l’université et diffusé dans les livres qu’à partir de 1961. Dès lors, le gouvernement chinois a valorisé le Wushu moderne au détriment de l’art martial traditionnel, et ce, pour des raisons politiques et idéologiques (peur du taoïsme, du bouddhisme, des pratiques martiales, des traditions…mais aussi parce qu’il est plus facile de contrôler des enseignants universitaires que des personnages marginaux de filiation traditionnelle !).
Le Kung Fu traditionnel comprend quatre composantes, quatre vastes domaines d’étude qui sont :
- Les techniques Pieds/Poings : frappe, balayage, saisie, clés, protection…
- Les techniques d’Armes : 18 armes classiques…
- Les techniques de lancer : dards, baguettes, étoiles, clou, griffe…
-
Les techniques de Jibengong : travail des bases, des positions, des
renforcements, de la musculation, des techniques de base, des
déplacements, certains Qigong…
Le
niveau des pratiquants français d’art martiaux est médiocre au regard
du niveau chinois bien entendu, mais également vis-à-vis des autres
pays européens. Il n’existe pas non plus d’enseignement de valeur en
Kung-Fu interne dans notre, ce qui favorise l’épanouissement des
«mystères, secrets ou autres syncrétisme et pseudo-maître ». Un des
préalables pour améliorer la pratique, devrait consister par adopter
les termes justes, le vocabulaire approprié… et donc parler de Wushu
(pour les arts martiaux traditionnels) ou de Kung-Fu moderne.
Enfin,
on peut noter que dans la langue chinoise l’expression « Kung-Fu Wushu
», n’est jamais utilisé mais que l’on parle soit de Kung-Fu, soit de
Wushu, sans associer les deux.
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